RDC/Accord de Ngurdoto, le Doctorant Justin Bahinduka Bessisa en parle dans son mémoire de DES
RDC/ Accord de Ngurdoto, le Doctorant Justin Bahinduka Bessisa en parle dans son mémoire de DES
C’est dans le cadre de l’obtention de son Diplôme d’Etudes Supérieures en Sciences Sociales Administratives et Politiques à l’Université de Kisangani que le doctorant Justin Bahinduka Bessisa s’est intéressé à cet accord autour du thème : DÉVALUATION DE L’ACCORD DE COOPÉRATION OUGANDO-CONGOLAISE CONCLU A NGURDOTO EN TANZANIE.
Son travail rentre dans le contexte selon lequel, la RDC et l’Ouganda ont longtemps entretenu des relations tumultueuses dont le point d’orgue aura été une double intervention militaire ougandaise entre 1996-1997 et 1998-2003. Cependant, pour mettre fin à ce cycle infernal d’hostilités, et promouvoir la paix durable entre les deux États, plusieurs accords ont été signés, entre autres à Lusaka en 1999, à Luanda en 2002 et à Ngurdoto en Tanzanie en 2007. En signant cet accord de Ngurdoto, les deux pays voulaient jeter la base d’une coopération bilatérale en même temps multisectorielle couvrant trois secteurs principaux notamment, Défense et sécurité ; Économie et Politique et diplomatie. S’en tenant au principe général du droit de la coopération internationale « Pacta Sunt Servanda », selon l’auteur, cet accord mettrait un terme aux conflits entre ces deux pays. Mais, sur le terrain, le diagnostic est révélateur des relations conflictuelles et contradictoires témoignant l’inefficacité de cet accord.
Ainsi, dans sa recherche, Justin Bahinduka a pu répondre aux questions telles que : Pourquoi les conflits persistent-ils entre l’Ouganda et la RDC, en dépit de l’accord de coopération bilatérale signé à Ngurdoto ? Quelles sont les conséquences de cet accord sur la coopération bilatérale entre les deux États ? Que peuvent-ils faire pour promouvoir efficacement leur coopération bilatérale ?
Ce, avec comme objectifs notamment d’Expliquer les causes de la persistance des conflits entre l’Ouganda et la RDC en dépit de cet accord ; Évaluer les conséquences découlant de la signature de cet accord ; et Déterminer la prospective stratégique en vue de la promotion d’une coopération bilatérale efficace entre les deux États, afin de garantir la stabilité régionale.
Des résultats
La persistance des conflits entre la RDC et l’Ouganda est liée à la faiblesse du modèle de coopération actuelle que l’auteur a considéré comme « Un mode marché des dupes et chasseur primitif ».
Partant de ce modèle, il a relevé cinq principales causes à la base de la persistance de ces conflits entre la RDC et l’Ouganda en dépit de l’accord de Ngurdoto notamment :
La faiblesse institutionnelle dans la mesure où la politique étrangère congolaise est en déphasage avec les enjeux géopolitiques actuels ;
Les velléités de l’Ouganda à faire main-basse sur la RDC du fait qu’il a toujours nourri les ambitions d’être gendarme régional et à faire des provinces orientales congolaises une zone d’influence ;
La propension à la pérennisation d’une économie de guerre/prédation en RDC dont tire profit un vaste réseau d’acteurs ayant une ramification à la fois dans la région et ailleurs dans le monde ;
Le rôle toujours subjectif des multinationales se servant de l’Ouganda qui, dans le sens de la géopolitique du chaos » en attisent des conflits pour accéder aux minerais congolais ;
L’absence des valeurs communes servant du ciment pour raffermir les relations pacifiques et de bon voisinage entre les deux États ;
Sur le plan de la défense et de la sécurité, Justin Bahinduka a fait savoir qu’il en ressort la mise en oeuvre du processus DDRRR, la construction des bornes géodésiques dont l’absence entraînait des litiges frontaliers, la baisse des risques d’accrochages militaires et la mise en place de la commission tripartite HCR-RDC et l’Ouganda. En dépit de ces réalisations, les groupes armés candidats au DDRRR persistent en RDC, les tensions sont récurrents et le rapatriement des réfugiés a viré au fiasco.
Sur le plan Économique, l’auteur a rappelé qu’en application de l’accord de Ngurdoto, un protocole d’accord de coopération commercial fût signé en vue de l’échange d’informations et des statistiques en matière d’échange, de la coopération étroite entre les opérateurs économiques de deux pays dans différents domaines, de la diversification des échanges des biens et services, tandis que dans le domaine de l’électricité, il y a lieu de signaler la construction, dans la ville ougandaise de Kasese, d’une centrale hydroélectrique destinée à fournir du courant dans quelques villes congolaises notamment Rutshuru, Beni, Butembo, Bunia, Aru etc. Pendant ce temps, dans le domaine des infrastructures, rien n’a été fait. En matière de la coopération minière et des hydrocarbures, les réalisations sont insignifiantes. Paradoxalement, une usine de raffinerie de l’or congolais a été implantée en Ouganda.
Contrairement aux engagements contenus dans l’accord de Ngurdoto en matière d’exploration et d’exploitation communes des hydrocarbures du Lac Albert, l’objectif est loin d’être accompli. L’Ouganda a déjà fini seul l’étape d’exploration au point de parvenir à la phase d’exploitation. Par contre, la RDC traîne les pas et s’oppose aux deux entreprises qui ont gagné le marché du côté ougandais.
Sur le plan de la politique et de la diplomatie, Justin Bahinduka a affirmé que le succès de l’accord de Ngurdoto se traduit par la relance des grandes commissions et des sommets des Chefs d’États et ce, en décembre 2007 conformément à l’accord de Ngurdoto ; l’autre grande réussite réside dans la normalisation des relations diplomatiques. En effet, les deux États avaient rompu leurs relations diplomatiques depuis l’agression de la RDC par l’Ouganda en 1998. En revanche, en matière d’indemnisations réclamées de part et d’autre du fait de la guerre d’occupation et la restitution des villas congolaises, aucun progrès n’a été enregistré.
En termes de recommandations, Justin Bahinduka pense qu’une coopération susceptible de promouvoir la paix et le développement à l’échelle de ces deux États requière notamment la revitalisation de la politique étrangère de la RDC; la promotion de la culture de la paix et de la non-violence entre les deux États, la construction et la modernisation des infrastructures routières transfrontalières et la relance de la croissance économique en RDC et l’institutionnalisation de la gestion des projets d’intérêts communs.
MM.