Kinshasa/Aucune indication notable dans les 100 jours du Gouvernement SUMINWA : Tribune de l’Honorable Patrick Matata Député National élu de Kisangani
Kinshasa/Aucune indication notable dans les 100 jours du Gouvernement SUMINWA : Tribune de l’Honorable Patrick Matata Député National élu de Kisangani
L’Honorable Patrick Matata Makalamba, Député National élu de Kisangani et Professeur des universités, a tenu une tribune politique pour l’évaluation à mi-parcourt des cent premiers jours du Gouvernement SUMINWA. Ce représentant du peuple trouve donc opportun de faire l’autopsie sommaire des maux qui entravent la croissance économique de la RDC, et par ricochet, le bien-être collectif de la population congolaise.
Sur base des données en sa possession, l’Honorable Patrick Matata emploie la méthode inductive pour expliquer le peu de performance de ce gouvernement par rapport au programme en six piliers validés à l’assemblée nationale lors de l’investiture du gouvernement.
En substance, il résume sa réflexion en disant qu’un gouvernement sérieux et soucieux du bonheur des Congolais devrait s’atteler à améliorer la qualité de la Gouvernance et à s’investir à changer le Congolais dans ses mentalités et ses comportements. A contrario, les 100 premiers jours du gouvernement SUMINWA n’ont pas fait rêver tant aucune énergie de changement global n’a émergé.
Ainsi, sur les dernières lignes de cet article (à lire absolument bien que très long), il fait une conclusion cinglante pour les uns, mais pour les autres, salutaire pour le peuple congolais.
Pour commencer, la structure du gouvernement est tout à fait traditionnelle et similaire à tous ceux qui l’ont précédée, entame l’élu du peuple. On y trouve des ministères dupliqués, démembrés, dépouillés, superposés et, pour certains, sans clarification de contenu. Les secteurs clés tels que les infrastructures, le plan, l’économie, l’agriculture, l’énergie et les transports, dont on devrait attendre une mise en branle rapide, ont révélé un immobilisme pathétique. Certains ministères régaliens n’ont pas hésité de briller dans les élucubrations et incantations dignes des pièces de « théâtre de chez nous » de l’époque du Zaïre.
« Au vu de son incapacité à démarrer et à prendre l’élan, ce gouvernement n’est manifestement pas celui qui donnera corps et mouvement à la vision salutaire du Chef De l’État pour le peuple congolais au cours de son second mandat », a lancé cet élu de Kisangani, avant de foncer dans une analyse sans complaisance opposant l’action du gouvernement à son programme en six piliers.
PILIER I. CREER PLUS D’EMPLOIS ET PROTEGER LE POUVOIR D’ACHAT
Pour cet élu du peuple, aucune Mesure concrète n’a été prise pour améliorer la situation sociale du peuple congolais au cours de 100 jours passés.
Il estime que les secteurs créateurs d’emplois n’ont bénéficié d’aucun plan de mise en œuvre rapide et coordonnée. En outre, la flambée constante des prix des biens de première nécessité a davantage nuit au pouvoir d’achat du peuple congolais qu’il ne l’a protégé.
En termes de gouvernance budgétaire, « notre budget n’a été en hausse que pour nourrir davantage les inégalités sociales », a-t-il dit. Si, en effet, la mobilisation des recettes se porte plutôt bien, personne ne sait où elles sont consommées. Les professeurs d’universités, les enseignants du primaire et du secondaire, les magistrats, les médecins, etc. s’interrogent sur leur sort malgré l’embellie tant vantée.
Il fustige notamment le fait que rien d’envergure n’a été fait dans le secteur agricole malgré cette hausse budgétaire, entendu que l’agriculture est non seulement un secteur auto-générateur d’emplois, mais surtout un facteur essentiel à la croissance économique, car, elle garantit l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens.
Selon Matata, l’agriculture aurait été bien bénéfique pour le peuple congolais au regard du potentiel agricole de la RDC et sa forte démographie. Pire encore, Les paysans sont laissés à leur triste sort. Le gouvernement installé en juin 2024 avait la chance de prouver qu’il s’intéressait à l’agriculture en intervenant en amont de la saison agricole A dans la zone Sud et en préparant la saison A des zones Nord et Est, a-t-il déploré.
D’où, son interrogation : « A partir de quelles bases le gouvernement devait pouvoir créer plus d’emplois et garantir Le pouvoir d’achat des congolais si l’agriculture est restée le parent pauvre de cent Premiers jours du Gouvernement Suminwa ? » La question reste posée.
PILIER II. PROTEGER LE TERRITOIRE NATIONAL ET SECURISER LES PERSONNES ET LEURS BIENS
Sur ce point, l’honorable Patrick Matata rappelle la promesse du Président de la République après sa réélection, celle de « faire de la République Démocratique du Congo un havre de paix et de sécurité ». Ajoutant : « Je m’engage à défendre notre territoire et mieux protéger notre population contre la criminalité, le banditisme armé et le terrorisme ».
En grand contraste avec cette vision dont le gouvernement devrait assurer l’exécution, cet élu du peuple constate non sans regret que, dans les 100 premiers jours, la situation sécuritaire a maintenu son statu quo ante avec en plus l’aggravation de la forte crise humanitaire, les mesures prises se révélant inefficaces face à l’avancée des terroristes du M23/RDF qui occupent, contrôlent et exploitent des pans entiers des territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo au Nord Kivu. Leurs tentacules menacent aussi bien la Tshopo que le Sud-Kivu, s’inquiète ce représentant du peuple, avant d’épingler l’activisme des groupes armés qui s’est également intensifié dans la province de l’Ituri et dans l’Ouest du pays aux alentours de Kinshasa. Tout cela pose la question de la défense et de l’administration du territoire ainsi que de la justice.
Poursuivant son analyse sans complaisance motivée par le seul souci du changement, l’Honorable Patrick Matata Makalamba s’interroge aussi sur l’état de siège en panne qui s’éternise en Ituri et au Nord-Kivu, qui a pourtant eu le mérite de décevoir toutes les bonnes attentes de la population. Il souligne ici plusieurs rapports qui font état des collines, villages, secteurs/chefferies et territoires sous le contrôle du Rwanda, de l’Ouganda et des milices épouvantables locales et étrangères.
L’élu de Kisangani est aussi consterné et même offusqué de voir, a-t-il dit, comment le gouvernement arrive à se vanter d’avoir levé plus d’impôt sur des populations déplacées, entassées dans des camps mal lotis et contraintes d’abandonner leurs activités agricoles, artisanales Et commerciales, alors qu’il devrait davantage appuyer l’armée, contrôler et sanctionner les déviations, recourir au renseignement efficace et à la diplomatie discrète pour mettre fin à la guerre, qui n’a que trop duré.
Dans le même registre, il déplore aussi des gangs impitoyables appelés « Kuluna » qui prospèrent à Kinshasa, le siège même des institutions nationales tuant, blessant, ravissant et violant à volonté, sous le regard spectateur du gouvernement qui n’envisage aucune action remarquable pour y mettre fin.
Au comble de tout ceci, l’Honorable Matata et professeur des universités qui maîtrise bien l’histoire politique de ce pays, fustige la criminalisation de la liberté d’expression, marquant ainsi un retour manifeste de vieilles méthodes dictatoriales.
Toutefois, l’élu de Kisangani note que si certains efforts sont à saluer dans le secteur de la justice et des droits humains, il s’est fait remarquer dans les cent premiers jours du Gouvernement Suminwa, un regain de la répression politiquement motivée à travers la criminalisation de la liberté d’expression dans des procès qui font passer notre pays pour un mauvais élève en matière des droits de l’homme.
A titre illustratif, il s’inquiète déjà que sous peu, si rien n’est fait par tous les congolais chacun à son niveau, tous ceux qui affirment qu’il y a changement climatique ou que les routes de Kinshasa sont sales et dégradées risquent d’être poursuivis pour propagation de faux bruit.
PILIER III. AMENAGER LE TERRITOIRE NATIONAL EN VUE D’UNE CONNECTIVITE MAXIMALE
Pour cet élu du peuple, le secteur de l’aménagement du territoire, des infrastructures et des transports apparaît plutôt comme le centre par excellence de détournements des ressources publiques. Tous les fonds du gouvernement, des bailleurs étrangers et des établissements spécialisés mis en place pour construire et maintenir les routes en état de praticabilité n’ont rien produit de transformationnel.
Il poursuit en disant : le pays demeure semi-enclavé en dépit des poses de premières pierres des chantiers par-ci par-là mais presque jamais inaugurées. Les travaux d’urgence sont en berne, les réhabilitations des voies ferrées n’ont pas été lancées tel que prévues, la construction des ponts n’a pas été entamée, aucune route nationale n’est carrossable d’un bout à l’autre, le port en eau profonde de Banana est en pleine inertie, des Ouvrages hydrauliques déclenchés qui trainent les pas, la liste n’est pas exhaustive.
Pour l’honorable Matata, le fait que le gouvernement n’y trouve rien à faire tout au long de ses 100 premiers jours révèle l’immobilisme patent déjà décrié dans l’opinion nationale.
PILIER IV. GARANTIR L’ACCES AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE
Sur ce point encore, l’Honorable Matata souligne que le Gouvernement Suminwa a projeté de garantir l’accès à l’énergie en investissant dans les infrastructures électriques, pourtant ajoute-t-il, l’accès à l’eau et à l’électricité, ces éléments essentiels pour le bien-être de l’homme, demeurent encore un luxe pour le Congolais.
Il indique que la desserte en eau et en électricité à Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani, pour ne citer que ces trois grandes villes, s’est détériorée. Dans l’entre-temps, le projet de construction des nouvelles centrales hydroélectriques de KATENDE, KAKOBOLA, TSHOPO et consorts n’a pas connu d’avancées notables, sans oublier le programme d’investissement des jeunes dans l’agro-industrie et la facilitation de l’accès au crédit qui n’ont vu le jour que sur papier.
PILIER V. RENFORCER L’EFFICACITE DES SERVICES PUBLICS
Aucun service public ne peut survivre à l’absence de l’autorité de l’Etat, déclare le professeur Patrick Matata. Et de poursuivre : faute de financement conséquent, l’administration publique s’est transformée en « sévices publics », s’illustrant plus dans les tracasseries que dans les réponses aux préoccupations des citoyens.
Il montre aussi que l’administration du territoire, colonne vertébrale de l’État, renvoie l’image d’un désengagement volontaire du gouvernement. Il note notamment des arrêtés contradictoires du gouvernement passé nommant les chefs de secteurs mais qui continuent jusque dans ce gouvernement de souffrir d’application et de poser problèmes dans plusieurs territoires, l’inadéquation profil-responsabilités et pire, leur non-paiement depuis bientôt deux ans. Ils s’illustrent ainsi dans le marchandage des services publics.
Lorsque l’animateur d’une entité territoriale déconcentrée et chef de famille n’a ni salaire ni prime ni frais de fonctionnement, que peut-il faire de bien ? s’interroge cet élu du peuple.
Mort dans l’âme, ce défenseur du peuple constate que le pouvoir central a décidé de confisquer gratuitement toutes les ressources destinées aux provinces, centres d’impulsion du développement de notre cher pays en violation flagrante et grave de la forte législation en la matière, notamment la Constitution et autres lois de la république instaurant les principes de la libre administration des provinces et de la retenue à la source de la rétrocession de l’ordre de 40%.
Comme si cela ne suffisait pas, l’élu du peuple, cite aussi un autre communiqué du Ministère de l’intérieur qu’il qualifie d’abracadabrantesque instruisant les gouvernements provinciaux à prendre en charge les conseils communaux au grand mépris de la loi qui donne cette charge au gouvernement central.
Bien plus, poursuit-il, ce gouvernement n’hésite pas à brandir le gros bras pour étouffer les moyens d’action et de contrôle des Assemblées Provinciales voire des gouvernements provinciaux même sur des matières de compétences exclusives des provinces leur reconnues par la Constitution. C’est comme ça que Le pouvoir central a, poursuit-il, sans référence légale substantielle, interdit l’investiture de deux Gouvernements provinciaux, alors que pareille mesure devrait émaner de l’autorité judiciaire compétente, regrette cet élu du peuple.
Dans sa thérapie de choc, Patrick Matata continue à crever l’abcès en disant : Pendant que la célébration des 100 premiers jours se porte bien, les députés provinciaux de la législature 2018-2023 ont plusieurs mois d’arriérés de paiement de leurs émoluments. Ceux de la législature débutante accusent déjà des mois de non-paiement et mènent une vie misérable.
Concernant l’enseignement, l’honorable Matata cite E. BONGELI pour dénoncer le cercle de production des cerveaux Inutiles dans les établissements d’enseignement.
Ces compatriotes qui ont pourtant toutes les facultés intellectuelles pour être réellement utiles à leur pays sont sacrifiés dans des établissements d’enseignement au personnel démotivé, aux infrastructures insuffisantes, vétustes et délabrées, sans laboratoire et sans électricité pour faciliter les entraînements, etc.
A l’Enseignement Supérieur et Universitaire, l’élu de Kisangani peint aussi un tableau sombre. Il dénonce la violation de la Loi-cadre de l’enseignement national et de ses mesures d’application, où le Ministre continue à nommer les membres des comités de Gestion et ce, sous l’empire du clientélisme à ciel ouvert, alors que le Ministère de l’ESU devrait plutôt favoriser et organiser les élections des recteurs et directeurs généraux.
Au-delà de l’évaluation à mi-parcourt du système LMD voulue par le Chef de l’Etat, aucune initiative de changement ne s’observe, a-t-il dit.
PILIER VI. GERER DURABLEMENT ET DE MANIERE RESPONSABLE L’ECOSYSTEME DE LA RDC FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Ici encore, l’élu de Kisangani fait remarquer que Les congolais meurent plus de l’insalubrité de l’environnement, de la pollution de l’air que de toute autre cause. Quand les chercheurs de l’UPN, poursuit-il, ont commencé à publier l’index de pollution, au lieu d’être encouragés, l’obscurantisme s’est vite mobilisé pour que l’ignorance en la matière continue son assassinat en douceur. L’omerta sur le niveau de pollution devrait prévaloir, a-t-il dit, tout en fustigeant l’absence des services d’hygiène et santé publique qui ne sont plus que dans la mémoire des années 1980.
Il cite également le concept La RDC-Pays solution pour l’environnement, qui selon lui, n’existe qu’à titre figuratif, car poursuit-il, il n’existe, au niveau International, aucun marketing vert pour une justice environnementale en faveur de la RDC.
Si notre pays, dit-il, est présenté comme une des solutions face aux défis climatiques à l’échelle Planétaire, rien n’est vraiment entrepris en vue de restaurer les 350 millions d’hectares De terres déboisées et dégradées d’ici 2030. Nous avons pris l’engagement de reboiser 8 millions d’hectares de paysages dégradés ainsi que de restaurer 1 milliard d’arbres Avant 2023. A l’échéance, il est difficile d’identifier les espaces forestiers qui ont été reboisés, d’une part, et d’établir une carte des sites concernés afin d’atteindre le 1 milliard d’arbres à restaurer, de l’autre.
A titre de conclusion, déclare l’Honorable Patrick Matata Makalamba, les cent premiers jours du gouvernement n’ont pas fourni d’indications notables en termes de coordination, de cohérence et d’esprit d’équipe. Au Contraire, l’opinion a noté l’hypertrophie de l’égo de certains membres de ce Gouvernement, qui contraste scandaleusement avec l’hypotrophie des résultats pro populations toujours très pauvres jour après jour.
A part le professionnalisme dans la communication institutionnelle du ministre sectoriel, la claire vision du secteur du commerce, les efforts de la diplomatie et dans la mobilisation des recettes, les cent premiers jours du Gouvernement Suminwa n’ont affiché aucun changement par rapport aux gouvernements précédents.
Il cite ici un adage des Anglophones « no progress without change ». Si on continue de faire le « business as Usual », on aura le même résultat de pauvreté et de malnutrition en croissance. Pour éviter cela, si les prochains cent jours ne fournissent pas de grands mouvements, soit 200 jours en somme, le Chef de l’Etat n’aura d’autre choix que de trouver une équipe plus concentrée et plus experte.
Entre temps, le contrôle parlementaire, seul mécanisme constitutionnel de pousser à la performance, devra bénéficier de toutes les garanties de libre exercice. Des subterfuges juridiques et des stratagèmes politico administratifs, qui, jadis, ont immunisé des Gouvernants inefficaces, sont à décourager d’où qu’ils viennent, a conclu l’Honorable Patrick Matata Makalamba.
MM.